mardi 15 octobre 2013

Il n'y a pas de petite fessée.

Je suis a-ba-sourdie par certains propos de parents sur la maltraitance. 

"Gifler pour imposer le respect" (punition)

Gifler un enfant pour imposer son respect en tant que parent est incohérent: Inculquer à l'enfant que le respect est une valeur importante, tout en lui manquant de respect. On veut qu'il apprenne à respecter autrui, à se respecter. Mais l'enfant intègre quelque chose de contradictoire: Les adultes le frappent pour le punir, pour demander le respect, pourtant, si l'enfant répète ce geste sur un camarade qu'il considère irrespectueux, il sera punit et probablement giflé/frappé par ses parents. 
Comment intégrer que dans une situation similaire, le parent ai le droit de frapper, mais pas l'enfant?

On répète aux enfants que la violence ne résout rien. Pourtant, gifler un enfant est conçu comme une punition. Une punition est une alternative pour sanctionner un enfant d'une bêtise. 
Bêtise: franchissement d'une limite imposée dans des règles de vie, ces mêmes règles de vie, qui sont perçues comme un cadre protecteur.

"Il est capital de bien comprendre que punition et sanction participent au bien-être et au sentiment de sécurité d'un enfant." Jérôme Vermeulen psychologue

Cadre protecteur? Donc si l'enfant commet une bêtise, c'est à dire, s'il dépasse la limite des règles de vie imposée, ces règles perçues comme "Cadre protecteur", on le gifle? C'est pas un peu contradictoire avec le terme "protecteur"?  A quel moment une gifle peut elle participer au sentiment de sécurité chez l'enfant? La menace, la terreur, la peur sont les exemples mêmes du contraire de "protection" ! Et pourtant, le sentiment immédiat de l'enfant après une gifle est bien le sentiment insécurité et de peur ? Où se réfugier quand les parents frappent?

L'enfant perd juste les repères de son cadre protecteur: Ses parents le protègent, et le frappent en même temps? Si vous pensez que le gifler résoudra un problème, il ne résoudra que votre problème de self-control. 

Face à une situation perçu comme ingérable, certains parents giflent leurs enfants. Comment l'enfant va percevoir cette punition physique? Une gifle fait mal. Une gifle fait pleurer. Une gifle humilie. Est-ce injuste? Surement. Mais de toute façon, l'enfant n'a pas de parole légitime, il pourra clamer l'injustice, ses parents ne l'écouteront pas. Pour eux, c'est efficace, nécessaire. 

Est-ce vraiment efficace? Est ce vraiment nécessaire? Est-ce justifié? Est-ce justifiable?

Connaissez vous beaucoup d'enfant qui n'ont jamais refait de bêtise après avoir reçu une gifle? Ce qui est propre à l'enfance, c'est qu'un enfant n'a pas le recul pour prendre conscience, pour anticiper ses gestes. L'enfant est impulsif, il prend le recul avec l'âge. Gifler un enfant ne l'empêchera pas de recommencer. Avant de faire une bêtise, l'enfant sait que c'est une bêtise. Après coup, l'enfant conçoit sa bêtise. Il l'admet, parce qu'il a été punit. Mais a-t-il vraiment conscience de sa bêtise si l'on ne lui explique que par une claque? Je ne le pense pas. S'ils recommencent, c'est qu'ils n'ont pas conscience de ce qui est dangereux à faire, ce qu'est une transgression. Ils n'anticipent pas les conséquences de leurs actes. Et s'ils en ont conscience, leur immaturité enfantine les fait passer par une période de contestation. Une période où l'on conteste l'autorité. Certes il faut leur expliquer, et leur répéter ce qui n'est pas bien, mais gifler n'est pas la solution, ce n'est pas un moyen d'expliquer. 

L'enfant intègre tellement de choses, que ce qui n'est pas important pour lui est vite passée aux oubliettes. Il est important de lui rappeler de ne pas franchir ses limites mais à quoi bon frapper un enfant à qui il faudra le lendemain rappeler la même chose?

Frapper un enfant pour qu'il intègre une éducation parfaite est un leurre. Dans les deux cas, frappés ou pas frappés, on a une même psychologie de l'enfance: un enfant met du temps à apprendre, il faut y revenir. Il n'est donc pas nécessaire de le frapper. 

J'entend souvent qu'Une claque, ça ne fait pas mal

Si la claque n'est pas faite pour heurter, pour "faire passer un message", pourquoi en infliger? Si elle ne fait pas mal, pourquoi ne pas s'en passer? 

J'entend aussi souvent que gifler est une tradition de "père en fils", que chacun a appris avec. Nous avons toujours fait ça. Mes grands parents l'ont fait avec mes parents, et mes parents avec moi, je le fais avec mes enfants, et personne n'est sorti traumatisé. 

Parce que cette violence s'inscrit dans l'histoire, dans le temps, elle est perçu comme une méthode infaillible, à suivre. "Les enfants d'autrefois respectaient leur parents". N'en avaient-ils pas peur? Les liens familiaux étaient aussi différents: les parents n'entretenaient pas le même rapport d'amour avec leurs enfants. Les enfants voyaient leurs parents comme des adultes, des personnes en qui il faut avoir peur, des personnes qu'on ne peut contester. Il y avait moins de contradiction entre amour/haine.
De plus, je rajouterais personnellement qu'il n'y a nul rapport entre méthode traditionnelle et méthode juste. Ce n'est pas parce qu'une méthode est appliquée depuis un morceau de temps qu'elle est juste. (Parole de végétarienne).

***

Nous pouvons donc ensemble conclure que frapper son enfant n'impose pas un cadre de respect: respect de l'enfant, respect des autres adultes. Frapper son enfant, ce n'est rien d'autre que frapper un individu plus faible que soit. Se cacher derrière des excuses d'éducation est un incohérence énorme, quand on lui inculque des valeurs que l'on est pas nous-même capables d'appliquer. Comment peut on tolérer une violence qui n'est même pas menée d'égal à égal? Finalement, n'est ce pas juste une forme de lâcheté, de perte de contrôle de nous même? N'est ce pas un moyen de passer ses nerfs contre un individu qui nous a mené à bout?  N'est- ce pas là le boulot de parent, que de toujours être sur le qui-vive? L'enfant n'est réduit qu'à être une chose, sur laquelle, si on ne trouve plus moyens, si on lâche les rennes, on peut se rabattre, parce que c'est la seule violence encore tolérée dans notre société. Gifler son enfant est non seulement toléré, mais bien-vue par la majorité des personnes. Faut-il se poser la question à savoir si la majorité des individus font un lien entre violence et autorité, ou si simplement la majorité des individu, désemparée par la responsabilité que l'enfant impose passe ses nerfs sur lui?

Comment rester crédible, et justifier d'une argumentation solide quand on se trouve dans une situation contradictoire, incohérente avec nos propos éducatifs? Frapper un enfant, n'est ce pas, je le répète, seulement un manque total de contrôle de la situation résolu par la violence? N'est ce pas une peur d'affronter le conflit, une voie rapide, un échappatoire pour fuir la responsabilité de parents quelques minutes, le temps de souffler et d'arrêter de penser à trouver une solution pour que l'enfant comprenne? Finalement, l'enfant ne va-il pas devenir un être obéissant parce qu'il vivra une peur constante? Est ce là la relation à avoir avec son enfant, une relation basée sur l'amour et le respect, qui devient finalement une relation tenue par la peur et l'obéissance? L'enfant fait confiance à ses parents, désormais, il perd non seulement confiance en lui, mais en l'adulte, sensé le protéger, lui assurer une sécurité! Frapper, c'est justifier la violence.


8 parents sur 10 frappent leurs enfants...
Plus de 50% avouent le faire avant leurs 2 ans ...

L'enfant  est un être en formation, en constante éducation ; éducation inculquée par des valeurs que les parents leur transmettent. Ils sont en formation: s'ils sont chiants ou trop bruyants, s'ils font des bêtises, s'ils disent des gros mots, c'est parce que ce sont de leur âge, période appelée l'enfance. Alors inculquer des interdits, punir une bêtise... oui. Pourquoi passer par la violence?


Si on veut vous "apprendre" à "élever" vos "gosses", ne croyiez vous pas que c'est parce que pour une fois, c'est pas vous les victimes, vous adultes sensés, matures et formés? 
Ne croyiez vous pas que si on veut vous faire changer, c'est qu'il y a matière à changer? 
Vous êtes parfaits, vous ne vous remettrez pas en question, vous faites les choses bien, évidemment. 
Prenez 5 minutes, sortez de votre cerveau et réfléchissez.



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